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Ultra challenge des escaliers des dunes


Nous sommes le 29 Mars 2024, nous arrivons avec ma chérie, Myriam et Sylvie à Poitiers au niveau de la caserne militaire maritime vers 21h15.


Il fait nuit, il pleut de légère goutte, la température est d'environ 7 degrés. En face cette caserne se situe une petite place qui donne sur le magnifique belvédère des Dunes mais aussi sur son escalier.


Un emplacement idéal pour créer un ultra en Vienne. Tout du moins, c'est qu'on pensait les membres du bureau de l'association Poitiers Run University. Inspiré du challenge du Petit Mont Marte à Paris et des ultra trail à travers le monde, ils ont eu l'idée de créer un événement sportif atypique et décalé afin de cumuler 10000 m de D+ en aller retour dans cet escalier.


Pour cela il faudra donc faire 244 allers retours de 217 marches pour la version complète en solo, 41 D+, vous avez aussi la possibilité de le faire en équipe et en relais. Vous pourrez aussi décider de partir le samedi matin à 8h pour la moitié de distance soit tout de même 5000 m d+ et 122 allers retours, en solo ou en équipe.


Me concernant, vu mon emploi du temps grandissant en tant que speaker sportif , j'avais décidé en ce début d'année de me challenger sur la version complète en solo. Si j'arrive au bout de cette aventure sportive et humaine, ce sera la 5 ème fois (2 en off) que j'afficherais les fameux 10000 m de D+ à ma montre.


Deux tivolis sont installés sur la place, des toilettes sèches, une grille avec notre « dossard » qui nous permet de noter le nombre de montées et donc de descentes effectuées.


Quelques chaises (elles seront bien utiles) sont disponibles, des écocups, un percolateur.

Le ravitaillement se veut participatif, chacun ramène ce qu'il veut, le pose sur les différentes tables et le met à disposition de tout le monde. J'adore l'idée. Le ravitaillement installé pourrait faire rougir ceux des plus grands trails Français du coté de Millau ou de Chamonix.


L'organisation étudiante fournit les boissons, eau, coca, Saint Yorre, café, oranges. Avec 5 euros d'inscription, ils n'ont vraiment pas à rougir ! Ils trouvent même le moyen d'offrir des goodies, de monter une sono et surtout de donner énormément d’énergie, de bonne humeur et d'ambiance. Enfin surtout la nuit passée car il faut quand même que les poitevins dorment un peu.


Pas de chronométrage officiel, votre volonté et votre courage devraient vous suffire.

N'oubliez pas quand même une très solide préparation physique et mentale !


Il est maintenant, 21h50, j'ai installé ma petite étagère chariot sous le tivoli avec tout ce dont j'ai besoin, l'ambiance est calme. Au moment du briefing de course dispensé par un des organisateurs, tout le monde semble se rende compte du challenge qui l'attend à son niveau. Le briefing est aussi concis que la mission qui nous attend. Monter et descendre cet escalier, pour ma part, 244 fois en moins de 24h.


Je me suis préparé pendant 12 semaines pour cet événement, avec mon club, la Team Trail 17, mais aussi avec quelques entraînements perso dans un escalier à Saintes et au niveau de la passerelle de Saujon. Je savais que même si sur le papier, l'exercice ne paraissait pas si difficile par rapport à certains ultras trails, ce challenge allait m'offrir bien d'autres difficultés et je ne m'étais pas trompé.


Il est 21h59, le décompte est lancé et étrangement personne ne s'approche des 1ères marches qu'il faut commencer par descendre. A 5 secondes du départ, je compte bien montrer mes ambitions aux 11 concurrents qui m’accompagnaient sur le full et leur faire comprendre que je ne suis pas venu là pour faire de la figuration.


22H, c'est parti ! Je mets ma stratégie en place, descendre les escaliers deux par deux, et les remonter deux par deux en marchant. L'exercice n'est pas si simple car le béton mouillé peut glisser, l'éclairage publique varie et celui de ma frontale aussi. Cela demande une concentration à chaque enjambée. Lors de la 1ère remontée, Thomas le vainqueur de l’épreuve l'année dernière et le recordman de ce challenge me salue, on discute un peu et il s'envole en courant les marches deux par deux. Chose que je ne suis pas capable de faire.


Quelle puissance, quelle facilité.


J'essaie de jouer un peu pendant la 1ère heure en essayant de ne pas trop perdre de répétition par rapport à lui mais je comprends rapidement que je ne pourrais rien faire, il est beaucoup plus fort. Je me concentre donc sur mon effort. J'effectue les montées descentes en 3' environ ce qui me demande un engagement physique assez élevé surtout en montée.


Les escaliers sont relativement hauts et profonds. Les montées deux par deux demandent donc un bon rapport poids puissance. Les deux premières heures, je passe 40 allers retours (environ 1'05 à la descente, je descends bien, et 1'55 à la montée). Je suis assez régulier. Seulement un ravitaillement express a la fin des 20 tours et c'est reparti.La météo n'aide pas, il fait froid, je pense que la température est tombée au dessous des 5° et le crachin ne cesse pas. Il est 0h00.


La troisième heure est plus difficile, tout le monde rentre dans sa bulle. Plus que 200 à faire ! Sans m’affoler ou me décourager, je prends pleinement conscience du chantier qui s’offre à moi. Je réduis donc l'allure en montée car c'est bien là où j'ai le plus de mal. Je jongle entre les montées deux par deux et une par une. Je tombe à 3'15 pour chaque aller retour environ. Il est 1h. Il pleut toujours.Il fait de plus en plus froid, mes cuisses commencent déjà à se durcir. Je vais me changer, tee shirt et veste sans manche sèches, mon cuissard lui, est trempé, ainsi que mes chaussettes et baskets.


Je tombe à plus de 3'45 pour chaque réalisation. Je suis dans mon allure ultra. Je gère au mieux mes capacités physiques pour être le plus régulier possible et atteindre mon 1er palier de 100 allers retours.


À ce moment là, je me retrouve sous le tivoli et beaucoup de ceux qui sont présents se posent des questions. Comme je dis souvent à ce moment là, il faut vite « s'arracher de là » avant que les pensées parasites ne t'envahissent. Je me change à nouveau et c'est reparti pour 20 allers retours.


Thomas, le vainqueur de l'année dernière me « tourne autour », Impressionnant.


Vers 4 h du matin, nous ne sommes qu'une poignée à tourner et beaucoup sont partis se reposer un peu ou ont bâché. Je ne sais pas combien exactement. Mais au fur et à mesure que je continue ma progression, de moins en moins rapide, env 4'30 pour chaque aller retour, le jour se lève progressivement vers 6h du matin.


Il ne pleut plus, enfin ! J'attends ce moment avec impatience, celui où je vais pouvoir enlever ma frontale, me changer, repartir pour une « nouvelle course ».


À 8h du matin, c'est le départ pour ceux qui font faire « la moitié » de distance. Cela devrait nous faire du bien, cela va nous redonner un coup de boost.


Je croise à ce moment là Thomas qui était parti se reposer un peu et qui me dit que cela va nous faire mal à la tête quand on va voir leurs allures et les nôtres !


Vers 7h15 un bruit sourd ronronne dans les rues de Poitiers c'est l'Abarth de Myriam et donc de ma chérie et Sylvie. Toutes les trois inscrites sur le 122 AR en équipe #girlspower team trail 17.


À ce moment là j'en suis à plus de 140 réalisations et « j'approche » des 100 derniers. Il y a maintenant plus de public en haut des marches pour nous encourager, le soleil est présent, l'ambiance excellente. Cela me redonne de l’énergie.


Par contre d'un point de vue des sensations, je suis de plus en plus dans le mal, j'ai des débuts de crampes aux vastes internes. Je ne m'affole pas, je prend de profondes respirations ; j'essaie de me calmer. Malgré tout, je reste régulier et ne quitte que très rarement l'escalier.


8h, c'est le départ pour les 122 AR, ça va vite, je prend une fessée mais cela apporte un nouveau dynamisme et je me raccroche à chaque athlète qui me double, enfin j'essaie...


Vers 9h, de nouvelles données me sont apportées et on m'annonce que nous ne sommes plus que 3 en course sur le full, Thomas 1er, est intouchable, Aurélien, 3 ème est loin derrière. C'est son dernier challenge après de multiples blessures au genou. Il voulait finir sur un défi fou, je crois qu'il ne s'est pas trompé.


Cette possibilité de « podium » me rebouste même si ce challenge, est, c'est ça qui est peut être le plus dingue, n'est pas une compétition officielle. Je continue donc ma progression en me faisant humilier par la vitesse de passage des nouveaux arrivants, ma chérie me met une claque sur les fesses à chaque passage sans que je puisse réagir. Lol.


Beaucoup m'encouragent, ça fait chaud au cœur. En début d'après midi, je ne vois plus mes deux compagnons d’échappés, j'apprends qu'Aurélien est parti se reposer et que Thomas, ne serait pas au mieux.


J’enchaîne les tours et approchent enfin de la barre symbolique des 200 ! Je prends donc la tête de la course à ce moment là de quelques tours, car Thomas après une tentative pour revenir en course est reparti se coucher. Je ne l'ai pas vu, mais c'est ce que l'on me dit.


Alors que j'approche les 205 réalisations, Thomas fait son retour, le teint blanc, couvert, les mains dans les poches. Quel guerrier ! Il faut avoir une volonté énorme après un souci gastrique comme ce qu'il a vécu pour revenir au combat. Ce n'est que l'ombre de lui même.


On échange quelques mots, je me ravitaille maintenant tous les 10 tours afin de ne pas faire de coup de fringale ou autre. Mes allures de progression se maintiennent autour des 4'30. 1'30 pour la descente, 3' pour la montée. Je décortique mon effort 10 AR par 10 AR.


Je sais que j'en ai encore pour aller au bout , que mon mental est là, mais que c'est long !


Plus que 30 ! C'est là que Maxime Dupas, qui a finit le 122AR en équipe, décide de m'accompagner. Il m'encourage, tout comme le public, les participants, c'est une sensation assez bizarre et parfois même je me laisse gagner discrètement par l'émotion d'une potentielle victoire, bien entendu contre moi même mais aussi parmi les 11 participants de départ.


Plus que 20, plus que 10.


À chaque montée d'escaliers, je fais maintenant un décompte, 9, 8, 7...et je me rend compte que je vais y arriver. Maxime me laisse à un tour de l'arrivée, ma chérie vient me chercher quelques escaliers plus bas et le public et les organisateurs célèbrent mon arrivée avec la musique de départ de l'UTMB.


Quel moment magique ! Quelle fierté pour moi, mes proches et pour mon club.


Les couleurs de la Team Trail 17 ont brillé sur cette épreuve hors du temps.


16H49 d'une dinguerie aussi folle qu'elle en est presque la plus belle parmi toute celle à laquelle j'ai décidé de m'inscrire.


Je tombe quelques minutes dans les bras de ma chérie et après un petit ravitaillement et m'être changé je participe moi aussi (assis sur une chaise, lol) à encourager les athlètes et bien entendu l’arrivée de la Girlspower.


Me voila 1er de l'Ultra Challenge des Escaliers des Dunes !





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